par Dominique » 14 oct. 2012, 13:13
Laissez moi vous conter mon arrivée un vendredi vers 17h à la cabane de Pré Peyret avec 4 ados trempés jusqu'aux os.
Un fort orage qui durait nous avait fait nous hâter vers la cabane, au moins pour s'y abriter le temps qu'il finisse.
Je pousse la porte: la cabane était aussi pleine qu'une rame de métro à la même heure. Il y avait une quinzaine de personnes, debout, qui me lancèrent un regard noir quand je pénétrais avec ma cape de pluie dégoulinante.
M'étant au mieux présenté (sans un mot en retour, vous vous en doutez) le premier ado, qui continuait à se mouiller dehors, tente de se mettre à l’abri en me poussant un peu. L'effroi commence à se lire sur les visages toujours muets.
Quand le deuxième franchit le pas de la porte une femme au fond, à la limite de la crise de nerf, pousse un "Ho non ! pas les enfants".
Entrent les 2 derniers, repoussant un peu la limite de la compression humaine dans une atmosphère plus qu'humide et hostile.
Je me fais alors copieusement injurier d'avoir eu la folie de me risquer en montagne, avec 4 gosses, dans un endroit ou ils avaient eux même décidés de passer une bonne soirée.
Puis un monsieur compatissant me demande si j'ai, au moins, eu la présence d'esprit d'emporter une carte pour trouver une solution alternative.
Sans me laisser le temps de répondre il décide, dans un grand élan de générosité et avec l'assentiment de toute l'assistance, de me léguer sa carte pourtant souvenir de tant de balades et garant de son retour parmi les mortels. Il m'indique alors gracieusement la baraque qu'il appelle la baraque de l'Ours (je suppose la baraque du Pison, à côté de la fontaine de l'ours) ou bien de retourner à la Jasse du Play (d'où nous venons) ou bien diverses bergeries (que je sais fermées) mais en tout cas pas ici, parce qu’on y est déjà.
Une dame dans l'assistance ajoute, qu'en principe, on devrait laisser la priorité aux enfants, ce qui est justement la raison pour laquelle j'abuse un peu de leur faiblesse et n'aurais jamais dû faire ça, parce que ça les met en difficulté, ...
Suivent diverses réflexions et conseils qui situent mon statut entre le petit délinquant et le blessé grave.
Devant autant de mauvaise foi, je décide de les laisser mijoter un peu dans leur angoisse du lendemain et d'attendre la fin de l'averse plus un bon 1/4 d'heure avant de leur annoncer que j'en ai rien à foutre de leur cabane et de leur compagnie, que j'ai toutes les cartes qu'il faut, que je sais où je vais et comment je vais passer la nuit, que nous avons deux tentes dans nos sacs à dos (ce qu'ils n'ont pas eu la prévoyance de faire, eux !), que je pensais juste que des montagnards nous permettraient de nous mettre à l'abri pendant l'orage mais que, visiblement, je n’ai pas affaire à des montagnards et que pour rien au monde je ne passerais une soirée en compagnie de gens aussi peu accueillants.
… et d’aller, à la grande joie des enfants, planter nos tentes au pas de Chabrinel sous un magnifique soleil enfin revenu.
Si vous vous reconnaissez dans ce petit épisode, tant pis pour vous (c’était en juin 1998)
Laissez moi vous conter mon arrivée un vendredi vers 17h à la cabane de Pré Peyret avec 4 ados trempés jusqu'aux os.
Un fort orage qui durait nous avait fait nous hâter vers la cabane, au moins pour s'y abriter le temps qu'il finisse.
Je pousse la porte: la cabane était aussi pleine qu'une rame de métro à la même heure. Il y avait une quinzaine de personnes, debout, qui me lancèrent un regard noir quand je pénétrais avec ma cape de pluie dégoulinante.
M'étant au mieux présenté (sans un mot en retour, vous vous en doutez) le premier ado, qui continuait à se mouiller dehors, tente de se mettre à l’abri en me poussant un peu. L'effroi commence à se lire sur les visages toujours muets.
Quand le deuxième franchit le pas de la porte une femme au fond, à la limite de la crise de nerf, pousse un "Ho non ! pas les enfants".
Entrent les 2 derniers, repoussant un peu la limite de la compression humaine dans une atmosphère plus qu'humide et hostile.
Je me fais alors copieusement injurier d'avoir eu la folie de me risquer en montagne, avec 4 gosses, dans un endroit ou ils avaient eux même décidés de passer une bonne soirée.
Puis un monsieur compatissant me demande si j'ai, au moins, eu la présence d'esprit d'emporter une carte pour trouver une solution alternative.
Sans me laisser le temps de répondre il décide, dans un grand élan de générosité et avec l'assentiment de toute l'assistance, de me léguer sa carte pourtant souvenir de tant de balades et garant de son retour parmi les mortels. Il m'indique alors gracieusement la baraque qu'il appelle la baraque de l'Ours (je suppose la baraque du Pison, à côté de la fontaine de l'ours) ou bien de retourner à la Jasse du Play (d'où nous venons) ou bien diverses bergeries (que je sais fermées) mais en tout cas pas ici, parce qu’on y est déjà.
Une dame dans l'assistance ajoute, qu'en principe, on devrait laisser la priorité aux enfants, ce qui est justement la raison pour laquelle j'abuse un peu de leur faiblesse et n'aurais jamais dû faire ça, parce que ça les met en difficulté, ...
Suivent diverses réflexions et conseils qui situent mon statut entre le petit délinquant et le blessé grave.
Devant autant de mauvaise foi, je décide de les laisser mijoter un peu dans leur angoisse du lendemain et d'attendre la fin de l'averse plus un bon 1/4 d'heure avant de leur annoncer que j'en ai rien à foutre de leur cabane et de leur compagnie, que j'ai toutes les cartes qu'il faut, que je sais où je vais et comment je vais passer la nuit, que nous avons deux tentes dans nos sacs à dos (ce qu'ils n'ont pas eu la prévoyance de faire, eux !), que je pensais juste que des montagnards nous permettraient de nous mettre à l'abri pendant l'orage mais que, visiblement, je n’ai pas affaire à des montagnards et que pour rien au monde je ne passerais une soirée en compagnie de gens aussi peu accueillants.
… et d’aller, à la grande joie des enfants, planter nos tentes au pas de Chabrinel sous un magnifique soleil enfin revenu.
Si vous vous reconnaissez dans ce petit épisode, tant pis pour vous (c’était en juin 1998)